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Colloque à l'Assemblée nationale
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Hervé Bourges

messages de :

Danièle Pourtaud Catherine Trautmann


La Coordination permanente des médias libres [CPML]
et la Fédération nationale des vidéos de pays et de quartiers (FNVDPQ), avec la complicité des députés Verts à l'Assemblée nationale,
ont organisé, le lundi 31 janvier 2000,
un colloque avec pour thème :

Le tiers secteur audiovisuel : un accès citoyen à la télévision

Aspects économique et financier :
Christian Pradié, maître de conférence à l'université de Valenciennes.

Mon propos va être surtout de dire qu'aujourd'hui en 2000 la France présente de bonnes conditions économiques pour permettre l'éclosion d'un secteur associatif dans le domaine de la télévision. Il va aussi être, en dépassant un peu le rôle de l'économiste, de dire ce qu'on peut attendre d'un tel secteur.

Un des articles de la loi adoptée en première lecture a permis d'évoquer la mission attendue de services associatifs, au sujet des radios associatives : favoriser la communication sociale de proximité, le soutien au développement local et la lutte contre l'exclusion. La même définition restrictive est en train d'être retenue pour les télévisions. Mais le titre de notre colloque ne reprend pas le terme d'association et fait appel plutôt au terme de tiers-secteur. Le tiers-secteur est en effet beaucoup plus large que les seules associations déclarées selon la loi de 1901. Il inclut également les mutuelles qui dominent aujourd'hui en France le marché de l'assurance et le marché bancaire, et les coopératives qui sont une forme de société qui rencontre actuellement un certain succès. Le lien commun entre ces différents statuts, qui relèvent tous de ce qu'on appelle l'économie sociale, est de ne pas rechercher la distribution de profits. C'est un secteur privé à but non-lucratif qui en outre veut respecter des conditions démocratiques de fonctionnement : libre accès de chacun aux structures selon des principes équitables et participations de tous aux décisions selon le fameux principe "un homme une voix".

Est-ce que cela a un sens aujourd'hui dans le domaine des médias qui sont des lieux privilégiés de discussion et de diffusion des opinions ? Je crois que c'est répondre par la négative qui pourrait surprendre, tant depuis longtemps la relation entre l'argent et les moyens matériels de diffusion de l'information est jugée néfaste pour le bon exercice de la démocratie. Depuis le XIXe siècle, le capitalisme s'est largement approprié la presse. Dans le domaine de l'audiovisuel, il y a eu ce même ravissement d'une brutalité redoutable depuis deux décennies et qui a occasionné beaucoup de ces coups d'état médiatiques qui ont même porté des propriétaires de sociétés de télévision à la tête de certains pays.

La gauche aujourd'hui s'apprête à corriger (ce n'est pas pour la première fois) une loi un peu honteuse promulguée en 1986 et qui visait entre autres la privatisation de TF1. La plupart de ces améliorations sont aujourd'hui bienvenues, mais nous sommes loin de retrouver l'esprit de la loi de 1984, loi dite "anti-Hersant", abrogée par le gouvernement de 1986 et qui garantissait certaines règles de pluralisme. On est surtout encore plus loin de l'esprit de la Libération, lorsqu'après 1945 on tentait dans ces mêmes lieux la mise au point d'un statut de la presse pour garantir que ne puisse pas revenir l'époque de vénalité et de dégradation politique qu'avaient connus la plupart des moyens commerciaux d'information de l'entre-deux-guerres. Cette volonté fut par exemple déclarée dans une charte adoptée par les éditeurs eux-mêmes de la Fédération nationale de la presse française, à la fin de 1945 : "La presse n'est pas un instrument de profit commercial. C'est un instrument de culture. Sa mission est de donner des informations exactes, de défendre des idées, de servir la cause du progrès humain. La presse ne peut remplir sa mission que dans la liberté et par la liberté. La presse est libre lorsqu'elle ne dépend ni du gouvernement, ni des puissances d'argent, mais de la seule conscience des journalistes et des lecteurs".
Instituer aujourd'hui un tiers-secteur audiovisuel, alors que la télé est devenu un média dominant, participe de ce même projet d'indépendance de l'information, de pluralisme de l'expression et même de souveraineté des moyens de formation de la culture nationale.

La réforme des médias n'était pas au programme de la gauche plurielle de 1997. À l'heure où ce sont des opérations de fusions de firmes multinationales qui décident de l'identité de ceux qui contrôlent les moyens de culture et de communication, il n'est pas trop tard pour réserver un meilleur espace de liberté à l'activité médiatique. Je formulerais trois propositions nouvelles pour aller dans ce sens. Je tenterais aussi de corriger trois erreurs d'appréciation souvent exprimées par certains de nos parlementaires et même par le ministère.

Première proposition
Instaurer comme condition impérative pour la délivrance des autorisations de services audiovisuels l'existence de sociétés de rédacteurs

L'effet de ces sociétés, sociétés de rédacteurs ou encore d'employés, est simple. Il est d'établir au profit des personnels une autonomie de la propriété, comme dans les coopératives qui existent dans de nombreux secteurs. C'est cette autonomie de la propriété qui peut garantir pour les médias le plus sûrement une indépendance éditoriale. Beaucoup d'entre nous lisent Le Monde qui appartient à ses rédacteurs et à ses lecteurs et délivre une information quotidienne de très grande qualité. Dans le domaine de l'information internationale, beaucoup ont recours au Monde Diplomatique qui a pour propriétaire important sa propre société de lecteurs. Pour l'actualité économique, il existe un titre très différent des autres, Alternatives économiques, qui est organisé en société coopérative de production. Tout le monde reconnaît l'indépendance éditoriale de ces journaux, qui rencontrent d'ailleurs de plus en plus de succès, et personne ne doute que cela soit due à l'organisation originale de leur détention. Pourtant, l'intérêt de ces principes en matière d'audiovisuel est rarement considérée comme une nécessité évidente. Entre les deux-guerres, peu après l'apparition de la radio, on votait au sein des stations de radios associatives. Il était aussi évident que tous les auditeurs avaient à voter aussi pour les conseils de gérance des stations de radio d'État, comme ce fut le cas en 1936. Mais depuis, l'idée d'une gestion démocratique de l'antenne n'a plus jamais été une préoccupation, dans le cas de l'audiovisuel privé en tout cas. Il est pour le moins surprenant qu'en comparaison de la presse et de la radio, qui comporte de nouveau depuis 1982 des radios associatives, la télévision qui est le média le plus élaboré techniquement et le plus utilisé par la société soit aussi le moins abouti démocratiquement.
Aujourd'hui deux articles de loi vont dans le sens d'une reconnaissance des principes d'indépendance éditoriale des chaînes. Les articles 16 et 18 de la loi en discussion proposent que soient soumises au CSA par les différents candidats aux autorisations "les dispositions envisagées en vue de garantir le caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et de l'opinion, l'honnêteté de l'information et son indépendance à l'égard des intérêts économiques des actionnaires en particulier lorsque ceux-ci sont titulaires de marchés publics". Cela est évidemment un progrès, mais cela reste bien insuffisant. D'une part, bizarrement toutes les télévisions ne sont pas concernées par ces articles. Sont concernées les radios (au titre de l'article 29) et les chaînes du câble et du satellite (au titre de l'ancien 34-1), mais étrangement ne le sont pas les chaînes hertziennes terrestres nationales (art. 30), c'est-à-dire : TF1, Canal Plus, M6, qui sont pourtant les filiales de ces groupes dépendant des marchés publics de l'eau, de l'assainissement ou des BTP.
D'autre part, pourquoi ne pourrait-on pas imposer ce critère comme une condition impérative, c'est-à-dire demander par la loi au CSA de faire respecter l'octroi de pouvoirs véritables aux sociétés de rédacteurs comme une obligation pour l'obtention de chaque autorisation de service audiovisuel. Par exemple, dans le domaine des télévisions locales et des médias de proximité, que beaucoup envisagent pour les télévisions associatives, l'on s'apprête bientôt à distribuer un grand nombre d'autorisations d'exploitation de fréquences. Or, il y a déjà en matière de presse écrite beaucoup de monopoles locaux et régionaux pour la presse quotidienne, qui recouvrent aussi les hebdomadaires régionaux et les journaux gratuits d'annonces. Demain ces monopoles vont s'étendre à la télévision locale et donc au contenu de l'information audiovisuelle locale, cela même dans les régions où le groupe Hersant combattu jadis par la loi de 1984 existe et s'est depuis développé, comme dans le Nord, avec maintenant le soutien de fonds de pension américains. Dans ce contexte, il ne serait pas exagéré que l'on s'assure de la place déterminante de sociétés de rédacteurs en position de décider de la politique d'information au sein de toutes les nouvelles télés, mais aussi au sein des anciennes au moment du renouvellement de leur autorisation. On pourrait même appeler cette nouvelle règle, afin d'effacer de mauvais souvenirs, la règle du mieux-disant démocratique.

Deuxième proposition
Instaurer évidemment un tiers-secteur de la production et de la programmation audiovisuelle mais aussi surtout un secteur coopératif de la diffusion audiovisuelle à l'instar de la presse.

S'il a peu été question jusqu'à maintenant de sociétés de rédacteurs ou de lecteurs dans les médias audiovisuels, c'est peut-être parce qu'on considérait qu'il s'agissait de médias particulièrement coûteux. J'en viens donc à la question de la viabilité économique des médias du tiers-secteur. Tout d'abord, l'audiovisuel n'est plus une activité très onéreuse. On ne le dit pas assez : la principale révolution de l'audiovisuel numérique est sa formidable démocratisation économique. La chute des prix des matériels est vertigineuse et n'est pas encore terminée, avec des caméras professionnelles à moins de 30.000 F, des émetteurs à 50.000 F et entre les deux des traitements d'image informatisés très peu coûteux. Ce sont marchés d'équipement qui continuent de se développer avec les matériels domestiques et le marché de la diffusion d'images par Internet. Si bien que certains évoluent la possibilité de faire des télévisions techniquement exigeantes avec 5 MF/an, ou alors avec 10 ou 20 MF si l'on veut se rapprocher du budget d'un grand nombre de chaînes thématiques existantes. Comme cela a été dit en première lecture du texte de loi, le rapport avec les budgets de radio est au plus de 1 à 10, mais de 1 à 10 seulement. Peut-on prélever de telles sommes par une extension de l'actuel fonds de soutien à l'expression radiophonique qui rapporte 100 MF/an ? Peut-on prélever sur les recettes publicitaires de la télévision dix fois plus, c'est-à-dire 1 MF ?

On peut répondre d'abord en remarquant que le secteur de l'audiovisuel est l'un de ceux qui se sont le plus développé dans l'économie française au cours des deux dernières décennies. Ses recettes atteignent 50 MdsF par an, c'est dix fois plus qu'au début des années quatre-vingt. Le chiffre d'affaires cumulé de TF1, C+ et M6 est de 30 MdsF et doublent tous les cinq ans. La progression de ce revenu est très largement due à l'abondance de la publicité télévisée, qui est celle de tous les catégories de publicité qui progresse le plus vite, en augmentant assez régulièrement de 5 % d'une année sur l'autre. Si bien que depuis 1995, le montant des recettes publicitaires de la télévision dépasse le budget total du ministère de la Culture et de la communication. Il est aujourd'hui de 20 MdsF, déduction faite des commissions de régie. Un vingtième de ces recettes suffirait donc à alimenter un fonds d'un milliard de francs, susceptible de financer 50 à 100 chaînes du tiers-secteur à raison d'un budget de 10 à 20 MF chacune. C'est-à-dire que la ponction au sein de la publicité principalement de TF1 et de M6, d'un écran sur vingt suffirait à alimenter les moyens d'une progression considérable du pluralisme.

En fait, compte tenu des autres propositions de la loi Trautmann, il n'est dans le contexte actuel même pas nécessaire de procéder à un tel calcul, puisque le montant de recettes de publicité qui va demain être abandonné par les chaînes publiques, ceci lorsqu'elles vont réduire d'un tiers comme cela a été décidé la durée moyenne de leurs écrans, atteint le montant d'un milliard et demi de francs. Un milliard et demi, c'est donc une fois et demi plus qu'il n'en faut pour le tiers-secteur audiovisuel. C'est donc la possibilité aussi avec 500.000 F en plus du nouveau FSEA de compléter le FSER, le fonds de modernisation de la presse écrite, mais aussi le budget de l'AFP et d'autres déficits divers. En ne procédant pas ainsi, on favoriserait uniquement la progression des chiffres d'affaires de TF1 et de M6. Celui de TF1 était en augmentation de 3 % il y a deux ans, de 5 % il y a un an, et de 9 % cette année. Le résultat net de TF1 vient de dépasser le milliard de francs pour 1999, le montant du FSEA. Sans autre disposition, il pourra être de deux milliards, perçus principalement par les actionnaires sans bénéficier sûrement aux secteur des programmes. Alors que les recettes étaient de 9 % supérieures, comme ont pu s'en vanter les responsables de TF1 devant les analystes financiers réunis le 27 décembre dernier. Le coût de production de la grille ne progresse durant le dernier exercice que de 1 % (en réalité 0,8). En somme, sans appauvrir qui que ce soit dans ce secteur pourtant présenté en permanence comme moribond, grâce donc aux ressources dégagées par le secteur public, nous avons donc aujourd'hui l'opportunité historique de pouvoir lancer tout un secteur supplémentaire de production et de programmation, et qui lui ne réservera pas ses excédents aux marchés financiers.

Quant au principe du FSEA, il s'agit d'opérer un transfert, qui est déjà celui en place pour la radio, et qui revient simplement à prélever une taxe pour occupation commerciale de l'espace public, cela aux fins de financer en contrepartie le développement d'une communication sociale démocratique. Finalement, il ne s'agit de rien d'autre que d'étendre, contre la pollution publicitaire à la télévision, une éco-taxe de la pensée.

On peut donc faire vivre très aisément un tiers-secteur de la télévision en France. Mais est-on condamné à le faire vivre comme un secteur assisté, sous perfusion de revenus provenant de transferts ? Les radios associatives n'utilisent le FSER que pour un tiers de leurs revenus. Elles connaissent par ailleurs une grande réussite, par leur nombre d'abord, puisqu'il n'a cessé de s'élever depuis sa création : en 1990 existaient 300 radios de catégorie A, en 1993 400, en 1995 500, aujourd'hui plus de 550, soit près d'une demie-douzaine d'antennes associatives différentes par département en moyenne. Ce ne sont pas ces radios qui ont alimenté le marché noir des fréquences aujourd'hui tant redouté. Ces radios se sont développées et peuvent au contraire se vanter d'avoir constitué en se multipliant le meilleur rempart à la concentration des ondes. Une réussite financière est parfois possible : 60 environ d'entre elles bénéficient d'un budget annuel de plus d'un million de francs.

Si les radios associatives se portent très bien dans l'ensemble, comme nous le confirmera je pense Jacques Soncin, le potentiel pour les télés paraît plus grand encore. Par les procédés du cryptage, la télévision peut bénéficier des recettes d'abonnement qui ont permis le développement du très nombre de programmes commerciaux à péage. Dans un domaine aussi vivace que celui de l'image et du son, qu'est-ce qui interdit demain à des programmes alternatifs, sensibles à des exigences de liberté de parole et de création, d'obtenir des recettes d'abonnement en figurant dans les offres des distributeurs de services à péage, les différents bouquets ?
Une condition est pour cela absolument nécessaire. C'est la véritable libéralisation de la gestion de l'accès, qui consiste en relation avec le client abonné et l'établissement de la facturation. Les radios du tiers-secteur souffrent aujourd'hui des monopoles de distribution. Aucune radio associative ne figure dans l'offre numérique câblée disponible à Paris, elles ne sont autorisées à exploiter que 27 % des fréquences hertziennes alors qu'elles forment 42 % des opérateurs en France. La véritable liberté du commerce est de pouvoir être distribué équitablement, pour les œuvres de l'esprit aussi bien que les biens physiques. Or, la diffusion de services par satellite obéit à un duopole national, la distribution par câble obéit à des monopoles locaux, et ce sont de plus les mêmes groupes qui contrôlent les deux technologies. La diffusion audiovisuelle est donc aujourd'hui dans un état de concentration plus grand que la grande distribution. Pour l'audiovisuel, les distributeurs sont de plus des producteurs et sont d'ailleurs les producteurs dominant l'ensemble de la filière aval, jusqu'aux marchés des événements sportifs et de l'économie du cinéma. Il y a là une entrave majeure à l'accès au marché que devra sanctionner le conseil de la Concurrence, dès qu'il en aura la compétence, et auquel il faudra donc tôt ou tard remédier.

Il existe un domaine pourtant où ce problème de la libre concurrence dans la distribution été convenablement réglé, c'est le domaine de la distribution des titres de presse, régie par la loi Bichet du 2 avril 1947. Les éditeurs de presse français sont adhérents de coopératives qui les accueillent librement, organisent leur distribution selon des principes d'égalité, ainsi que de solidarité, et procèdent à des ristournes financières en cas d'excédent de gestion. C'est un principe similaire qui doit organiser l'exploitation de systèmes d'accès aux services audiovisuels, au moment où celle-ci s'étend au support principal de la réception audiovisuelle, à savoir le numérique hertzien terrestre. Il faut donc aller plus loin que l'élargissement de l'accès prévu par l'article 10 bis et mettre en place des sortes de NMPP de cet accès aux services audiovisuels, qui s'occuperaient sous forme de coopératives de moyens de la gestion des terminaux de péage, et qui pourrait aussi comprendre, si les adhérents le souhaitent, la gestion groupée des réseaux de diffusion. Ceci serait la meilleure manière de régler la question des multiplex numériques hertziens, sans empilement des décodeurs pour le satellite, pour le câble, et pour les deux ou trois multiplex terrestres qui seront bientôt disponibles dans telle ou telle localité.

Troisième proposition
Pour éviter un contrôle étranger des opérateurs audiovisuels, décider une privatisation populaire de certaines chaînes privées.

Le député Laurent Dominati (DL) s'est exprimé au cours de la première lecture en faveur d'une privatisation populaire de France 2 au profit des employés et pour la plus grande part du capital, par la distribution en l'espace de cinq ans d'actions gratuites à tous les foyers qui s'acquittent de la redevance. Il a dû se tromper : c'est à propos que TF1 qu'il faut décider d'une telle mesure. D'abord, parce que TF1 ne fait pas de progrès suffisants en matière de déontologie de l'information. Le 29 décembre dernier, pour s'exprimer au journal de vingt heures, dans le cadre d'un micro-trottoir, sur la question d'un boycott de la firme Total après le naufrage de l'Erika, était interviewé au volant de sa voiture en réalité un membre de l'encadrement de Total. Ensuite, il faut changer le mode de propriété de TF1 parce que le capital de la firme qui possède TF1, la société Bouygues, cotée en bourse, comme la quasi-totalité des programmateurs audiovisuels, mis à part Pathé, est une société au capital instable. Il est en venu à représenter aujourd'hui une sorte de club des grandes fortunes françaises avec maintenant aux côtés de la famille Bouygues les familles Pinault et Arnault.
Mais la propriété de ce capital continue d'évoluer, et on évoque les noms de Deutsche Télécom, ou de British Télécom, capable d'absorber le groupe et de prendre au passage le contrôle d'une chaîne qui est la première chaîne européenne par son audience. Le problème est plus vaste, puisque le capital de Suez-Lyonnaise est détenu à hauteur de plus de 39 % par les fonds de pension anglo-saxons et celui de Vivendi, leader français de l'édition, de la presse professionnelle, du cinéma, de la télévision, de la publicité et des télécommunications ainsi que des services urbains, de la santé et du tourisme, est détenu par ces fonds de pension, fin 1997, à hauteur de 47 %. Faut-il attendre que le seuil de 50 % soit dépassé (il l'est déjà peut-être), faut-il attendre que Mannesmann ou Vodaphone fusionne avec Vivendi, ou que bien AOL-Time-Warner-EMI avec le concours de Murdoch absorbe purement et simplement Vivendi, dont la capitalisation boursière est d'un dixième de l'ensemble ? La loi limitant la propriété étrangère des médias parce qu'elle ne s'étend pas aux maisons-mère ne s'appliquerait pas demain plus qu'aujourd'hui.
Il y a à ce sujet une troisième raison de réformer la propriété des médias et des chaînes de télévision, c'est que celle-ci est manifestement illégale. L'article 36 de la loi de 1986 dispose que "les actions représentant le capital d'une société titulaire d'une autorisation relative à un service de communication audiovisuelle doivent être nominatives". Or, il n'en est rien, pas plus des sociétés-mère Bouygues, Vivendi ou Suez-Lyonnaise que de leurs filiales titulaires des autorisations TF1, Canal Plus et M6, puisque toutes trois sont des valeurs de placement cotées en bourse. En faisant des Français les propriétaires de TF1, on en ferait les véritables décisionnaires d'une chaîne dont le nom est Télévision française 1, avec le pouvoir de voter pour des administrateurs profitant pour leur campagne des moyens médiatiques de la chaîne, on en fait les dépositaires par des actions nominatives et incessibles d'un patrimoine qui à l'instar de la protection sociale, de l'éducation ou de la recherche correspond à un domaine particulier de vie sociale. En privatisant de façon populaire ou en collectivisant TF1, on ne le rendrait pas au secteur public, mais on en ferait un société de taille sur les principes du tiers-secteur. N'oublions que le principal quotidien national, Le Monde, appartient à ses rédacteurs, le principal quotidien régional français, Ouest-France, appartient à une association loi 1901, le principal éditeur européen, Bertelsmann, appartiennent à une fondation aux mains des salariés, l'une des premières banques mondiales, le Crédit Agricole, est une mutuelle, et le premier assureur mondial, Axa, est de même une mutuelle.

Conclusion
Il y a pour résumer des raisons économiques de démocratisation de l'audiovisuel : avec la diminution du coût des équipements tant de production que de diffusion, le droit d'une telle activité pour tous baisse.

Il y a des raisons techniques, puisque par un codage numérique, 5 à 6 fois plus d'opérateurs que dans le passé pourront bientôt occuper le spectre hertzien. Il y a des raisons politiques urgentes, avec le besoin de corriger les excès de la concentration, exigée par des politiques de protection du secteur national, particulièrement inadaptées puisqu'elles permettent aujourd'hui de livrer toute cette économie encore plus vite à un contrôle étranger.

Il y a des raisons culturelles, pour faire cesser que la domination du capitalisme dans les médias favorise une médiatisation continuelle du capitalisme, comme seule forme possible d'organisation de l'activité sociale.

Tout converge aujourd'hui vers une libéralisation au sens véritable de l'audiovisuel. Il ne manque que l'adoption des règles juridiques appropriées : part des fréquences réservées à des projets de programmation à but non lucratif, duplication du FSER en un FSEA, réforme par un statut coopératif de la gestion de l'accès aux services audiovisuels, instauration d'un pouvoir de contrôle des sociétés de rédacteurs, et de plus collectivisation de TF1. Les mesures à ne pas prendre seraient des dispositions assimilant le tiers-secteur avec des canaux para-municipaux largement subventionnés, des mesures favorisant les chaînes existantes avec l'octroi en bloc de multiplex et en général le renforcement d'une domination de la distribution au sein de l'audiovisuel, qui nuit à son pluralisme et à son développement économique en entravant la concurrence et en accaparant les profits.

En 1982, la gauche a eu la volonté de couper le lien principal entre le pouvoir médiatique et le pouvoir politique, en installant une HACA. Aujourd'hui, la gauche plurielle a les moyens de s'opposer aux trop fortes relations tissés entre les médias et le pouvoir économique, en votant une loi sur le tiers-secteur audiovisuel.

Dans l'intervalle, trop de fausses expertises et d'arguments fallacieux ont rendu confus la perception des principaux problèmes du secteur de la communication et en ont brouillé les enjeux. Compte tenu de ces enjeux, messiers les parlementaires, demandez donc au gouvernement de prendre des risques, car il s'agit là de prendre des risques pour la démocratie. À ce compte-là, quelles que soient les déconvenues, le peuple ne vous en voudra pas.

Christian Pradié, Université de Valenciennes.

 

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