TEMOIGNAGE "Vers
13h30, le jeudi 07 decembre, Nice s'anime enfin. Agacés par
la cohue des manifestants anti-mondialisation face à la caserne
de police du quartier de St Roch (rue de Roquebrun) venus réclamer
la libération de l'un des leurs (un Espagnol) arrêté
auparavant, les forces de l'ordre décide la dispersion. Bombes
lacrymogène et canon à eau jouent leur partition longuement
répétée à l'entraînement.
Après la douche, et le piment pour les yeux et les larynx,
rien ne vaut un footing. Une course poursuite s'engage dans les
rues du quartier pour interpeller les manifestants.
A 13h45, après dix minutes de course, un groupe de dix manifestants
reprenant leur souffle dans la rue St-Jean-d'Angély se retrouve
nez-à-nez avec un escadron de CRS. Pas le temps de se retourner,
la chienlit est encerclé. Une interpellation musclée
s'enchaîne sans discernement : manifestants, journalistes,
passants ... Matraque sous la gorge, bras plié dans le dos,
couché brutalement au sol... Clamer son état de journaliste
n'y change rien.
Un CRS me demande ma carte de presse alors qu'il me maintient les
deux bras dans le dos. Impossible dans cette posture d'attraper
ma carte de Zalea TV, rangée dans la poche arrière
de mon pantalon. Mon CRS, fin limier, en tira ses conclusions... En
effet, trois secondes plus tard, une évidence s'impose :
pour être reconnu journaliste il faudrait avant tout être
contorsionniste. Inquiet tout de même, le bras est moins alerte
à caresser de la matraque les journalistes.
Autour, les manifestants n'ont pas droit aux même faveurs.
La violence des arrestations est évidente, entre les voisins
de trottoir maintenus au sol dix minutes malgré de grosses
pertes de sang et une jeune fille, cocard à chaque il
et lèvre ouverte, qui ne se remet pas après que des
agents lui aient cogné la tête à de nombreuses
reprises au sol.
Mal inspiré, un CRS projette une lacrymo à proximité
du lieu des arrestations. Ses collègues enfilent à
nouveau leurs masques à gaz. Les manifestants interpellés,
poignets comprimés dans le dos par des colliers en plastique,
crachant leurs poumons, sont sommés de « faire
moins de bruit ».
15h30, départ pour le commissariat. Ordre est donné
d'attendre l'arrivée de la BAC (Brigade Anti-Criminalité)
pour descendre les manifestants des paniers à salade. Durant
deux heures, après l'attente dans « la salle d'accueil
» du Service Investigation Recherche (SIR) où sont
rassemblés l'ensemble des personnes interpelées dans
la ville, les fiches de garde à vue commencent à être
remplies.
Pour passer le temps, un CRS bien inspiré nous explique sa
technique pour contenir ses pulsions : "Au lieu de vous exciter
sur nous avec des pavés, vous feriez mieux de rester chez
vous à vous astiquer ...".
16h20, mon tour arrive. L'adjoint du procureur apprenant que je
suis journaliste, décide de classer l'affaire aussitôt.
Il semblait au courant de ma présence dans les locaux. Ce
qui, apparemment, n'était pas pour lui faire plaisir.
16h30, sortie du commissariat."
Lire
le communiqué du Comité de Dénonciation des
violences de l'extrême droite à Nice
Lire
d'autres témoignages de même teneur (journalistes
empêchés de travailler) sur le site d'Indymedia.