C'EST
LA GUERRE |
Les Faits Trois salles de cinéma á Paris (le Studio 28, l'Entrepôt, et l'Espace Saint-Michel) diffusent un programme de courts métrages « Courts mais Trash » produit par Lardux Film. Les critiques culturels majoritaires ont violemment attaqué cette série de diffusion: Ç le résultat est formellement consternant, politiquement puéril, chacun compilant sans complexe les clips des années 80 (tendance Mondino), les expériences des formalistes russes du début du siècle, et pour d'autres un gauchisme « bobo » des plus confortables. (Jean Sébastien Chauvin in Cahier du Cinéma) « l'esthétique anticonformiste affichée parait souvent d'arrière garde » (J.M. in Télérama) « un sommet d'ennui et de complaisance, un triste galvaudage de l'esthétique expérimentale affublée des oripeaux de l'insolence et de l'audace » (J.M. in Le Monde) L'Analyse Ces films ont été diffusés, et parfois primés par de nombreux Festivals de courts métrages nationaux et internationaux (Clermont Ferrand, Nevers, Oberhausen., Festival des Cinémas Différents de Paris). Cette même presse soutient et encense la programmation de ces Festivals. Je ne peux pas imaginer une seule seconde que les critiques ne regardent pas les films dont ils parlent. Il est donc clair que selon le contexte de la projection ces films sont soit encensés soit démolis. Tant que nous projetons des films dans des cafés, dans des squats, dans des librairies, dans des festivals de court métrage sans grand enjeu économique, nous ne vous dérangeons pas. Nous sommes dans notre secteur, le secteur des écrivains maudits, des artistes authentiques (les Cahiers du Cinéma dans leur édition spéciale sur Jean Eustache ont osé écrire qu'il était normal que Jean Eustache se soit suicidé puisque c'était un cinéaste maudit). Il est hors de question pour ces critiques rémunérés par la presse culturelle majoritaire de nous laisser investir le champ du Culturel et de l'économie, c'est-á-dire les salles de cinéma. Il y a plus grave. Les films que les critiques officiels encensent correspondent á la défense du champ contre champ (Dominique Cabréra, Moll, Breillat, etc.). Selon ces mêmes critiques, ces réalisateurs ne se revendiquent pas d'un Label, d'un Collectif. Ce sont des artistes qui font correctement leur travail d'artiste, ils racontent des histoires avec un début et une fin, avec un zeste de social. Ils sont donc respectables. Puisque la fonction de l'artiste consiste selon les critères en vigueur á donner un spectacle émouvant, beau, intelligent, et porteur de liens sociaux divers en tout genre. Par contre, si nous affirmons que nous sommes un Collectif, que nous luttons contre la narration programmée, que notre cinéma n'est pas séparé de notre vie, que la culture et la vie sont aussi dépendantes que le corps et l'âme, lá, messieurs les curés critiques, nous devenons á vos yeux dangereux, parce que Guédigian, Arte, Télérama, les Cahiers du Cinéma l'ont dit « LA RÉVOLUTION C'EST FINI. LES IDÉOLOGIES C'EST FINI. L'AVANT GARDE C'ÉTAIT NOUS DANS LES ANNÉES 70. MAINTENANT LES JEUNES SONT SOUS POLITISÉS ». Vos bailleurs de fonds (Havas, Chargeurs Réunis ...) ne toléreraient sans doute pas longtemps que vous tentiez de remettre en cause le champ du réel que vous avez balisé, si vous laissiez entendre que l'individu aspire á vivre dans le chemin qu'il se choisit malgré le matraquage publicitaire qui s'intercale dans la présentation de vos articles. Il est donc inutile, messieurs les critiques, de nous appeler á nous mobiliser contre les cartes d'abonnement UGC, GAUMONT et KARMITZ. Les slogans que vous colportez dans vos colonnes ne sont pas clairs. Il ne s'agit pas pour vous de défendre un cinéma de révolte, un cinéma d'enthousiasme, un cinéma qui refuse les lois du marché, mais de défendre en réalité le cinéma produit, réalisé, et surtout interprété par des Français, de préférence blancs. Bref, de vous aligner sur les traces de Monsieur Le Pen. Il est donc inutile de nous traiter d'intégristes, de fascistes, de sectaires et de gens dangereux pour la démocratie ainsi que vous le faites régulièrement lorsque nous vous critiquons. Aux Armes Nous appelons donc au boycott de cette presse qui n'a de nom que de critique. Il est clair que le soutien critique que vous nous accordez dans un premier temps n'a pour but que de vous réhabiliter á vos propres yeux. Vos rédacteurs en chef censurent systématiquement vos pulsions de critiques authentiques sous prétexte que vous rebuteriez le lecteur. Notre liberté, que nous mettons en acte dans des espaces que nous occupons, ne peut dans ces conditions que vous renvoyer á votre propre solitude. Les coups partent, les invectives pleuvent. Il s'agit d'éradiquer toute vie, tout échange, tout enthousiasme. La voix humaine qui est en vous s'éteint définitivement. Il ne vous reste plus qu'á rejoindre les diverses meutes des divers chiens de garde qui assurent la libre circulation des biens et des marchandises dans l'enceinte du Camp. Pierre Merejkowsky, Les Films du Crime et du Châtiment P.S. J'attends avec impatience le déchaînement de ces mêmes critiques que ne va pas manquer de susciter la prochaine prise d'antenne nationale et satellitaire de Zaléa Télévision. Nous sommes sortis du grenier, ou de la cave, et ça ce n'est évidemment pas acceptable. *Ce texte a été repris par zalea.org et la revue « le Bord de l'Eau » (Bordeaux) |