1. La Commune (Paris
1871), France, 1999, 5h45. Réalisation Peter Watkins. Betacam
numérique, noir et blanc. Coproduction: 13 Production /
La Sept ARTE / Le musée d'Orsay. Le film fut tourné
dans une usine désaffectée de Montreuil où
Méliès installa ses studios de cinéma et
qui abrite aujourd'hui le lieu de création fondé
par Armand Gatti et Jean-Jacques Hocquard La Parole errante. Méliès,
cent ans exactement avant Watkins, y avait réalisé
son premier long métrage, L'Affaire Dreyfus, film politique,
recréé en dix tableaux à partir de gravures
et de reportages photographiques.
2. Peter Watkins a recruté
ses acteurs non professionnels en organisant des projections publiques
suivies de débats autour de ses propres films. Il alla
même jusqû à recruter les acteurs qui allaient
jouer les rôles des bourgeois en faisant passer des petites
annonces dans Le Figaro et à la mairie du 16e arrondissement.
Le casting ayant été établi, des groupes
se sont constitués en fonction des problématiques
spécifiques abordées dans le film. Chaque participant
a pu ainsi travailler sur l'histoire de la Commune et sur sa propre
histoire. Ces groupes étaient accompagnés et assistés
de conseillers et de documentalistes. Les acteurs prirent eux-mêmes
en charge l'écriture des dialogues.
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Les
voix ordinaires,
La Commune de Peter
La caméra
s'avance dans une pièce, sorte de débarras, vaste
et vide. Puis elle se perd dans un couloir qui mène vers
ce qui est ou a dû être un bureau où des gens
s'affairent encore. Sauf deux personnes: un homme et une femme.
Le mouvement de la caméra s'arrête. Plan rapproché.
L'homme parle "Je m'appelle Gérard Watkins et je joue le
rôle d'un journaliste de la télévision dans
ce film qui est à la fois un film sur la Commune de Paris
et un film sur le rôle des mass media dans la société
d'hier et d'aujourd'hui." C'est à la femme de parler :
"Je m'appelle Aurélia Petit et je vais jouer le rôle
de Blanche Capelier, journaliste de la Télévision
communale. Premièrement, ce qui a été difficile,
c'est que c'est quelqu'un de crédule avec un optimisme
forcené et connaissant l'histoire et la fin et les événements
de la Commune, ça n'a pas été toujours facile
de garder le sourire, et deuxièmement, c'est quelqu'un
qui aime tellement son métier face à la caméra
qu'elle en oublie de dénoncer et de mettre en cause le
pouvoir des médias, ce qû elle représente
entièrement." A nouveau l'homme ; "Ces locaux sont actuellement
investis par Armand Gatti et sa compagnie La Parole errante. En
avril de cette année, Peter Watkins et 13 Production ont
entamé la construction du décor du film et ont essayé
de recréer l'atmosphère du XIe arrondissement pendant
la Commune de Paris. Nous voudrions maintenant vous présenter
l'espace où nous avons travaillé pendant trois semaines."
Tel est le début du dernier film de Peter Watkins, La Commune
(Paris 1871), dans lequel des hommes, des femmes et des enfants,
soit plus de deux cents comédiens non professionnels, vont
évoluer, chacun et chacune selon sa propre actualité,
ses propres passé et présent, selon sa propre fiction
(1). Mais tous
et toutes prendront la parole, échangeront des mots, des
idées et des opinions: "On va, disent les uns, collectivement,
ensemble se dire des choses, des choses que ron a besoin de se
dire." "Parler, disent les autres, donner et recevoir tout le
temps." Tous et toutes, c'est-à-dire plus de deux cents
citoyens de Paris et de sa banlieue, de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais,
du Limousin, de Bourgogne, sans oublier les groupes de "sans-papiers"
d'Algérie, du Maroc et de Tunisie. Tous et toutes qui,
après un travail préparatoire de groupe, selon leurs
convictions, vont forger des personnages qui ont existé
ou pas, mais qui vont vivre, justement pour raconter la vie, à
Paris en 1871, sous la Commune, mais aussi dans la France actuelle
et ailleurs, aujourd'hui, sous l'état de mondialisation
(2). Tous et toutes, c'est-à-dire
encore le grand-père Thibaudier, Henri Dubrieux, l'écrivain
public qui donne des cours au petit Marcel, un couple de boulangers,
des (suite)
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