LE BOYCOTT : UNE ARME ECONOMIQUE CONTRE LA GUERRE

Puisque de millions de gens dans les rues du monde entier ne semblent pas ébranler la décision des Etats-Unis d'attaquer l'Irak, de nombreux activistes du monde entier se disent prêts à désobéir à la loi du profit, qui seule semble compter pour le locataire de la Maison Blanche et ses alliés, en faisant la grève des achats de biens américains. Ce n'est pas sans rappeler le boycott anti-apartheid de l'Afrique du Sud d'il y a quelques années.

Parmi ces campagnes, celle instiguée par IDEA - International group for Direct Economic Action against the war (www.boycottwar.net) -, une coalition pacifiste internationale, appelle à boycotter aussi les entreprises britanniques, à cause de l'implication de Blair dans la politique de Bush. IDEA conseille de faire ses achats dans des entreprises qui n'ont pas d'intérêts dans la guerre, de réduire ses dépenses superflues, et propose un choix entre deux modes d'action : un boycott général de la plupart des multinationale américaines et britanniques ; un boycott limité à une liste des multinationales choisies selon des critères spécifiques, comprenant les principaux bienfaiteurs des partis politiques au pouvoir, et donc responsables de la politique de guerre, ou encore les entreprises d'armements et les entreprises pétrolières bénéficiaires, sinon promotrices dans l'ombre, de l'invasion de l'Irak.

Parmi les autres campagnes de boycott en cours : dans les pays arabes, la conférence du Caire de décembre dernier s'est close avec une déclaration appelant au boycott des biens américains et israéliens pour leur politique vis-à-vis de la Palestine. En Europe se poursuit le boycott d'Esso (Exxon-Mobil) lancé par Greenpeace et relayée par d'autres ONG (www.stopesso.org). En Italie, début mars, l'assemblée nationale des mouvements et des organisations du Forum Social Européen s'est engagée à un boycott général des compagnies pétrolières américaines et britanniques dès le premier jour de la guerre. En Espagne, le mouvement anti-globalisation a lancé le boycott de biens de consommation américains et israéliens. En Belgique, l'ONG Mother Earth (www.motherearth.org) pour le désarmement, l'écologie et les droits humains, vient de lancer le boycott des produits américains. Comme celui du groupe IDEA, elle laisse le choix entre une liste de plusieurs compagnies à boycotter et un boycott général de tous les produits américains. En Angleterre, l'ONG Ethical consumer mène la campagne "boycott Bush" (www.boycottbush.org), pour sa politique contre le protocole de Kyoto. Le site liste les compagnies qui ont financé l'arrivée de Bush au pouvoir. En Thaïlande, au Canada (www.adbuster.org), en Australie (www.peace-action.inbyron.org), en Nouvelle Zélande, en Inde, l'appel au boycott de produits américains se propage. Aux Etats-Unis, la campagne Stopshopping (www.stopshopping.org) demande aux consommateurs de s'engager à réduire leurs dépenses le plus possible en privilégiant pour les achats les entreprises qui n'ont aucun intérêt dans la guerre. Toutes ces campagnes fonctionnent indépendamment, mais le but des activistes de IDEA est de le réunir en une seule et unifiée campagne de boycott. Dans un monde régi par le tout-marché, et vu le nombre des pacifistes dans la rue, la grève des achats pourrait devenir une arme de résistance contre la guerre (et non seulement) d'une puissance redoutable. Car au fond il s'agit d'une idée très simple : si l'on n'achète plus ses produits, l'entreprise productrice tôt ou tard va faire faillite, et donc tout son empire risque de s'écrouler ... Utopie, dites-vous ?