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QUAND J’ ENTENDS LE MOT CULTURE...



Ci-dessous, autour d’un licenciement, trois lettres qui illustrent les difficiles rapports entre le monde des élus politiques et celui de la Culture...

LETTRE 1 : Du Comité Quetzal de Manosque au Maire de Manosque :

LE LIVRE NE DOIT PAS CACHER LA FORÊT QUE L’ON BRÛLE « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement » - Voltaire.

Il ne faudrait pas que l’appellation contrôlée par la Mairie, « Manosque Ville du Livre », dissimule la réalité de la vie culturelle et démocratique de la Cité. La Municipalité de Manosque vient d’exiger arbitrairement le départ de la directrice (en poste depuis 17 ans) de la Maison des Jeunes et de la Culture de Manosque (Association loi 1901) en décembre 2003. Les motifs invoqués par Monsieur l’Adjoint à la Culture lors du dernier Conseil Municipal de septembre sont : Madame Chantal Maire et le Conseil d’Administration de la MJC (élu par les adhérents) auraient privilégié le développement d’actions culturelles et artistiques sur la Ville au lieu de se cantonner à occuper les jeunes avec des activités traditionnelles. Cette mesure répressive et anti-démocratique (le C.A. s’est prononcé contre cette ingérence municipale) s’inscrit dans la continuité de mesures déjà prises ultérieurement à l’encontre de la MJC : fermeture de la Galerie d’Art Contemporain des 4 Mains, réduction de 22,8 % de la subvention municipale en 2002... Le départ forcé de Madame Chantal Maire entraînera inévitablement la fin d’une véritable pluralité des initiatives culturelles et artistiques sur la Ville. Il mettra un terme à la volonté de la MJC de permettre aux jeunes et aux publics défavorisés de se confronter à des pratiques artistiques contemporaines, de découvrir des moyens d’expression de leur sensibilité, de rencontrer des artistes du monde entier... Une autre conséquence néfaste de ce renvoi sera la fin à Manosque des Instants Vidéo (festival international de la création vidéo et de la poésie électronique) dont Chantal Maire assure depuis sa fondation en 1988 la direction générale.

Nous, citoyens de Manosque et d’ailleurs, salariés de la MJC, artistes amateurs ou professionnels, amoureux fous de la liberté d’expression et de créer..., avons décidé de créer un Comité Quetzal (parce que le Quetzal est un oiseau qui, comme l’artiste, meurt quand il est en cage) afin d’exiger que la Municipalité revienne sur sa décision autoritaire de renvoyer Madame Chantal Maire et respecte dorénavant les choix définis par les adhérents de la MJC représentés par son Conseil d’Administration. Le Comité Quetzal appelle à soutenir notre action tous ceux qui pensent que le politique ne doit pas se débarrasser de tout ce qui ne lui est pas docile, que l’art doit être synonyme de liberté, qu’une culture vivante est nécessairement plurielle, que se soumettre aujourd’hui c’est faire le lit du pire, que la poésie sous toutes ses formes est une chance donnée à l’homme pour échapper au rouleau compresseur de l’affairisme et de la langue de bois... Nous vous invitons à signer notre appel et à faire savoir avec force votre mécontentement, votre rage de vivre, votre passion pour le respect de la démocratie et de la liberté, par toutes sortes d’initiatives : pétitions, courriers à la Mairie, contacts avec la presse et la télévision... Nous vous invitons, dans la mesure du possible, à nous informer des actions entreprises afin que nous puissions en rendre compte publiquement.

Manosque le 12 septembre 2003

Comité Quetzal de Manosque (pour le respect de la démocratie associative et culturelle)

Contact : Comité Quetzal, MJC, Allée de provence, 04 100 Manosque Mail :Les courriers envoyés au Maire et les signataires de notre appel :

LETTRE 2 : Du cinéaste Pierre Merejkowsky au Maire de Manosque :

Monsieur le Maire de la Ville de Manosque Je te le dis franchement, monsieur le Maire, je n’ai aucune raison de te vouvoyer. Le respect, ce concept de respect qui ponctue tes discours électoraux et je présume familiaux, se mérite. Or, sincèrement, ce respect tu ne le mérites pas. Tu te revendiques de la République, du moins officiellement. Et je te rappelle que la devise de la République contient le mot "Fraternité". Tu me hais sans me connaître, par principe, et ta haine n’a rien de fraternel. Tu as licencié la Directrice de la MJC de Manosque. Tu as décrété qu’elle ne s’occupait pas assez des Jeunes. Alors la question se pose : Qu’est ce qu’un jeune ? Qu’est ce qu’un artiste ? Qu’est ce qu’un Maire ? D’un seul coup, brusquement tu te mets à parler des jeunes, alors qu’habituellement, ces jeunes tu les ignores Ils ne sont pas inscrits sur tes listes électorales, ils ne sont pas toujours disposés à entrer dans ton circuit de production et de travail, et je suis bien certain que lorsqu’ils te présentent une demande, tu t’empresses de les renvoyer à tes innombrables Directeurs Techniques qui te sont tous dévoués puisque dépendant de ton seul bon vouloir. Mais encore une fois, c’est quoi pour toi un jeune ? Est ce une question d’âge ? Et dans ce cas pourquoi n’étends tu pas ton futur arrêté couvre feu destiné aux jeunes, aux bébés, ou aux nourrissons ? Bref tu es un salaud. Et je te prie de noter d’emblée que cette injure a été écrite par un de nos plus grands écrivains, un de ceux comme Giono que tu encenses puisqu’il est dans le dictionnaire des Noms Propres. Sartre (Jean Paul) a en effet utilisé ce terme de salaud, dans la Nausée et il est donc parfaitement vain de t’offusquer de cette épithète qui n’a rien de gratuite.

Vois tu, j’ai participé à une des éditions des Instants Vidéos de Manosque. Je pouvais parler, écouter, rencontrer, rêver pendant les huit jours du Festival des Instants Vidéos. Et c’est sans doute ce que tu ne supportes pas. Pour toi, ta seule occupation consiste à classer les individus dans les rubriques de "jeunes’, "d’artistes", "de personnages âgées", "de RMIstes", etc etc.. Et en t’appuyant sur ces classements qui peuvent parfois conduire à des déportations, voir des exterminations, tu construits un monde qui repose sur l’efficacité, sur la productivité. Et c’est pour cela que tu cherches à m’éliminer. Tu ne supportes pas que ma démarche ne consiste pas à produire, mais à vivre.

Tu préfères te mutiler en assassinant ta part d’humanité. Car ce que tu privilégies à travers ton classement, c’est la cohérence, la responsabilisation des couches sociales, c’est à dire leurs divisions. Tu opposes les jeunes aux vieux, (pardon aux seniors comme tu dis habilement), les artistes aux travailleurs, et comme tu n’as aucun programme, excepté celui d’être réélu, tu es même prêt si nécessaire à dresser ces groupes sociaux les uns contre les autres. Ainsi pour prendre un exemple parmi d’autres, tu as donné une légère compensation financière aux RMIstes par rapport aux bénéficiaires de l’Allocation Spécifique de Solidarité, et si cela ne suffit pas, ta police dressera les communautés juives et arabes les unes contre les autres afin de préserver tes avantages acquis.

Les Instants Vidéos et son directeur Marc Mercier ayant manifestement refusé de définir le groupe social qu’il comptait toucher et ayant également refusé de se concentrer sur les seules retombées économiques et comptables de son Festival, tu as décidé de nous supprimer. D’un trait de plume. Ton programme est clair. Il faut valoriser la croissance, l’expansion qui elle seule peut générer le bien être. Aussi ta ville étant destinée à devenir une zone touristique européenne, tu n’as donc aucune raison d’accueillir dans tes murs un festival qui n’a pas pour but de retenir les touristes de passage pendant tes trois mois d’été. Pauvres jeunes qui encore une fois servent d’alibi.. Car ces même jeunes, et ce n‚est pas de la calomnie, je sais que tes services les incitent à quitter ta ville. Ta Mission Locale du RMI les contrôle sans cesse et laisse entendre que s’ils s’installaient dans les quartiers Nord de Marseille ils pourraient percevoir sans aucun problème leur allocation de 4O7 euros par mois.

Je crois cependant que le Service de Communication de ta Mairie qui échappe peut être à ton contrôle agit contre tes avantages acquis. En nous empêchant de rêver, de créer un nouveau monde qui serait cependant prêt à respecter tes lois républicaines, tu provoques du désespoir. Le taux de suicide ne cesse d’augmenter parmi la population "jeune" de notre pays. Tu me diras bien sûr qu’en ce qui concerne le suicide c’est une attitude personnelle que tu n’as pas à condamner et que la multiplication des suicides diminuera d’autant les versements des allocations de chômage. Mais cet argument que tu n’oses pas encore formuler publiquement, ne me convient pas. De moins en moins de personnes acceptent de participer à tes élections, et plus grave, il semblerait que les éléments intégrés comme tu les appelles refusent de consommer. Que vas tu faire s’ils refusent de consommer ? Que vas tu vendre ? Que vas tu devenir ?

Alors franchement face à ce désastre prévisible, tu ferais mieux de nous laisser vivre. Huit jours dans une MJC, c’est quand même pas une catastrophe pour ton plan comptable. Et puis ton comptable il est le bien venu, il peut venir nous voir, et comme tous les jeunes, les vieux, les exclus, les non exclus pour reprendre ta classification, il peut assister gratuitement à la programmation (encore un aspect qui doit te hérisser puisqu‚ il échappe à ta destruction systématique de nos liens sociaux et historiques)

En tout cas en ce qui me concerne, je ne peux pas renoncer à vivre et toi et tes Services tu ne me pousseras pas à devenir une bombe humaine. J’envisage très sérieusement d’organiser des projections dans ton salon. Et je suis persuadé que ton entourage familial nous réservera un excellent accueil. Ils ne te supportent plus : ta gestion les ennuie.

Pierre Merejkowsky les films du crime et du châtiment 20 rue des Volontaires 75015 Paris 01 45 67 86 20

LETTRE 3 : Du Maire de Manosque au cinéaste Pierre Merejkowsky :

Bernard Jeanmet-Peralta Chevalier de la Légion d’Honneur Chevalier de l’Ordre National du Mérite Maire de la Ville de Manosque

Quel galimatias que votre "essais" de brûlot ! Dostoïevski doit se retourner dans sa tombe ! Je n’ai pas reussi à réaliser l’amalgame. Je préfère pour ma part, répondre par le vouvoiement, à cette sorte de logorrhée. Quand à l’organisation de projections dans mon salon, je vous y attends.

Bernard Jeanmet-Peralta ( signature accompagnée d’un tampon officiel de la Ville de Manosque )