LEN : la liberté, le crime qui contient tous les crimes
In Sarkoland 1984+20, la LEN c’est la « Loi sur la Confiance dans l’Economie Numérique » Un texte envoyé par samizdat.net « Gouvernements du monde industriel, gérants fatigués de chair et d’acier, je viens du cyberspace, nouvelle demeure de l’esprit. Au nom de l’avenir, je vous demande, à vous qui êtes du passé de nous laisser tranquilles. Vous n’êtes pas les bienvenus parmi nous. Vous n’avez aucun droit de souveraineté sur nos lieux de rencontre »,
John Perry Barlow,
Déclaration d’indépendance du cyberspace. L’Assemblée nationale a finalement voté en seconde lecture la « Loi sur
la Confiance dans l’Economie Numérique » (LEN) sous les auspices de
Nicole Fontaine, ministre de l’Industrie. De fait cette loi, si elle est
définitivement adoptée, instaurera en France un véritable « contrôle des
contenus » de l’Internet - pratiques jusqu’ici essentiellement réservées
à des dictatures comme la Chine, l’Iran ou la Birmanie - et transformera
par là-même, pour certains à leur corps défendant, tous les opérateurs
de services Internet en véritables auxilliaires privés de police et de
justice. Concrètement selon la LEN désormais : Officiellement cette loi, qui vise avant tout à sécuriser le « commerce
électronique », prétend ainsi mettre en conformité la législation
française avec une directive européenne... qui en fait n’existe pas ! En
effet, aucune directive européenne à ce jour n’a jamais proposé de
telles mesures que seuls des régimes autoritaires ont jusqu’ici instaurées. Tout le monde sait, par contre, que les services de Nicole Fontaine sont
particulièrement « attentifs » aux intérêts du lobby des majors du «
loisir numérique » - celui-là même qui a obtenu d’un précédent
gouvernement (socialiste) la taxation des supports numériques comme les
disques durs ou les CD-Rom inscriptibles - qui est aujourd’hui prêt à
sacrifier nos libertés pour empécher le téléchargement de quelques MP3
ou MPEG par la masse des adolescents et adolescentes ou mélomanes
considérés comme des « clients » potentiels. Ces dispositions, comme toujours prises au nom du principe sécuritaire,
s’inscrivent aussi dans la continuité des mesures mises en place par la
« Loi de sécurité quotidienne » (LSQ), conçuent par le gouvernement
Jospin sous le nom de Loi sur la Société de l’Information (LSI) et mise
en oeuvre aux premières heures du régime Raffarin-Sarkozy. Faut-il
rappeler que la LSI a déjà, entre autre, imposé aux fournisseurs de
services et aux hébergeurs de conserver des « traces » de l’activité en
réseau de leurs utilisateurs (conservation des fichiers de log durant 2
ans) et a légalisé les intrusions policières sur les disques durs. Aujourd’hui, contrairement à la LSQ qui fut adoptée dans une relative
indifférence généralisée, en dehors des milieux militants et activistes,
la LEN met en émoi tout l’Internet hexagonal, jusqu’à la très
respectable Association des fournisseurs d’accès et de services Internet
(AFA) qui se mobilise pour la « liberté d’expression » sur les réseaux. Nous ne pouvons certes que nous réjouir de la multiplication des
protestations contre un texte qui ne brille que par son mépris grossier
des principes démocratiques les plus élémentaires. Nous ne pouvons, par
contre, nous satisfaire des prises de position récentes de l’AFA qui
annonce qu’en cas de vote « en l’état » de la LEN la réaction de ses
membres (à savoir les plus importants hébergeurs commerciaux de France)
serait de fermer les espaces personnels (site web, album photo, forum)
de leurs « clients. » La belle affaire ! Suffirait-il de supprimer les possibilités d’hébergement gratuit des
internautes - et se mettre ainsi à l’abri des foudres de la loi - pour
garantir la pérénnité d’une liberté d’expression sur l’Internet
accessible à tous et à toutes ? Nous croyons au contraire qu’il appartient à l’ensemble des acteurs de
l’Internet alternatif et non-marchand, mais aussi aux activistes qui
utilisent les réseaux, à l’ensemble des internautes, des simples «
utilisateurs » de services en ligne, non seulement de protester contre
ce projet de loi, mais aussi et surtout de se donner les moyens de
défendre concrètement et matériellement la liberté d’expression et de
pensée dans ce pays. Pour cela, il nous semble donc nécessaire, entre autre : 1) De privilégier les structures d’hébergement associatif et mutualisé
qui offrent un minimum de garantie morale quant aux données de connexion
conservées et aux conditions de leur accessibilité par les services de
police et de justice. Nous savons, par exemple, par de nombreux
témoignages recueillis par la Fédération informatique et liberté (FIL)
que certains fournisseurs commerciaux (dont des membres de l’AFA qui
protestent aujourd’hui) pratiquent déjà la censure a priori, n’hésitant
pas à fermer des sites web sur simple dénonciation - c’est-à-dire sans
attendre une injonction légale - parce qu’ils proposent des fichiers en
téléchargement ou sont consacrés à des sujets jugé à « haut risque »
comme la situation au Proche-Orient. 2) De refuser d’utiliser des services commerciaux en ligne (mailing
lists, forum, webmail) qui conservent des données personnelles sur leurs
utilisateurs, en général à des fins publicitaires, et font peu de cas de
la sécurisation de celles-ci. Les cookies et autres javascripts
inhérents à ces services sont trop souvent de véritables espions de nos
activités en ligne. 3) De privilégier l’utilisation de logiciels libres de navigation sur le
Web et de gestion du courrier électronique (même lorsque l’on est sous
Windows ou Mac !) qui permettent de façon transparente la gestion des
données collectées par des sites web (gestion des cookies), le blocage
des emails indésirables et des bandeaux publicitaires, l’intégration des
outils de cryptographie, etc. Notons qu’au-delà des logiciels eux-mêmes, il existe également des
systèmes d’exploitation sécurisés, comme la distribution GNU/Linux
Knoppix-MIB, qui permet notamment aux utilisateurs de sécuriser la
totalité de leurs données, quel que soit l’ordinateur qu’ils utilisent
(CD-Rom bootable avec cryptage des données sur support amovible). 4) De privilégier le recours à des services de courrier électronique
sécurisé (accès à son courrier en POP ou en Webmail crypté) et
généraliser le recours aux outils logiciels de cryptographie forte comme
GNU Privacy Guard (GPG) pour sécuriser et authentifier le contenu de nos
correspondances. Une pratique qui pouvait jusqu’ici apparaître comme
l’apanage des nerds, geeks et autres hackers, mais qui devient
essentielle lorsqu’un Etat entend s’arroger un droit d’accès à nos
échanges personnels. Rappelons au passage que le cryptage des données est légal en France
(depuis peu certes) et nous permet en toute légalité de nous protéger
des conséquences de la LEN. 5) D’utiliser massivement les capacités de diffusion des réseaux
d’échange P2P (eDonkey, Overnet, Bittorrent, etc.), et des réseaux
d’échanges cryptés (Freenet, GNUnet, Mute) de façon à utiliser
pleinement les capacités de circulation des réseaux... bien au-delà des
frontières étriquées de l’Hexagone. Pour notre part, enfin, nous tenons à réaffirmer, vis-à-vis de tous ceux
et celles qui nous ont fait confiance en demandant par exemple
d’héberger un site web, d’utiliser notre service de mailing list ou de
disposer d’une adresse email, que les pratiques qui ont été les nôtres
jusqu’à ce jour continueront en dépit des modifications juridiques en
cours et des menaces qu’elles font planer sur la liberté d’expression et
l’existence même d’un véritable Internet alternatif. Nous n’entendons ainsi, pas plus demain qu’hier ou aujourd’hui, demander
à quiconque est hébergé sur samizdat.net de décliner une identité : le
choix de ceux que nous hébergeons s’est toujours fait sur des critères
politiques ou affinitaires. Nous n’entendons pas non plus surveiller à
un titre ou un autre le contenu des sites Web, mailing lists, album
photos, répertoires ou forum hébergés pour le compte des services de
police ou de justice : chacun son boulot ! Notre rôle reste avant toute
chose celui de favoriser, même modestement, la communication alternative
et l’information libre, non de maintenir l’ordre social existant. En tout état de cause, au cauchemar numérique que certains veulent nous
imposer, nous choisirons toujours l’insoumission et la désobéissance. samizdat.net
22 janvier 2004 Initiatives à suivre : Références : Ressources : Nos courriers électroniques ne seront plus considérés comme de la
correspondance privée, ce qui leur retire le droit à une totale
confidentialité qui leur était jusqu’alors reconnu.
Les hébergeurs se voient imposer une obligation de surveillance par
défaut de toutes les données stockées et transférées sur le réseau,
qu’il s’agisse de sites web, d’interventions sur des forums, d’espaces
de discussion en direct, de répertoires de données, etc.
Les fournisseurs d’accès devront participer à la censure a priori des
contenus visibles en mettant en place des outils de filtrage dont il est
notoire qu’ils sont techniquement inefficaces.
La Ligue Odebi, qui regroupe les principales associations d’abonnés
aux services de connexion haut débit, propose ainsi à l’ensemble des
internautes de « frapper significativement, largement et durablement les
intérêts économiques de l’industrie du disque » pour stigmatiser le
lobby de l’industrie phonographique qui est à l’origine des mesures
liberticides du projet de loi Fontaine. Cette campagne de boycott de
l’industrie du disque nous semble effectivement un bon moyen de faire
comprendre notre mécontentement aux majors en mettant le doigt là où
cela fait mal.
http://www.odebi.org/boycothon/
La Ligue Odebi (encore !) organise une campagne d’emails de
protestation auprès des sénateurs, des députés et du Président de la
République pour dénoncer la « loi des majors. »
http://www.odebi.org
Propagande.org propose le Cecithon, une campagne pour offrir des
lunettes noires usagées aux promoteurs de la LEN.
a href="http://cecithon.propagande.org">http://cecithon.propagande.org
Examen de la LEN à l’Assemblée : BOYCOTT de l’industrie phonographique
http://www.odebi.org/modules.php ?name=News&file=article&sid=52
Communiqué commun des hébergeurs de sites Web : non à la LEN
http://infos.samizdat.net/blog/page.php ?p=182
Loi pour l’économie numérique : 10 millions de présumés coupables
http://www.afa-france.com/actions/explication_loi.htm
Exprimez votre soutien à la liberté d’expression sur Internet !
http://www.afa-france.com/actions/petition.php
Le KIT anti-LEN du site Open-Files
http://www.open-files.com/news/719.htm
OpenPGP en français : tout syr la cryptographie
http://openpgp.vie-privee.org
Distribution GNU/Linux Knoppix-MIB
http://www.bouissou.net/knoppix-mib/doc-html/Knoppix-Mib.html
Guide crypto de la Fédération Informatique et Libertés
http://openpgp.vie-privee.org/openpgp.html
Fédération informatique et liberté
http://www.vie-privee.org