C'est la rentrée,
on a acheté de nouvelles chemises, on a perdu un peu de bide, on
est bronzé, on se sent d'attaque, c'est cool. Devant nous, onze
mois de souffrance en entreprise s'ouvrent comme un large chemin de croix
jonché de clous rouillés, onze mois qui, sans surprise aucune,
finiront par nous anéantir, nous réduire en purée
physiquement et moralement. Dans ce contexte d'intense fatalité,
pourquoi ne pas se suicider tout de suite ? Réponse: parce
que l'actualité télé nous donne des raisons d'espérer.
En septembre, au milieu des TF1, M6, Canal Jimmy et autre Bloomberg TV,
une nouvelle chaîne voit le jour qui, telle le coucou messager,
annonce de possibles lendemains sans Jean-Pierre Foucault. Alea TV (télévision
d'action pour la liberté d'expression audiovisuelle), fondée
par Michel Fiszbin, est la première chaîne associative nationale
(1). Cette structure alternative, moins confidentielle que celles qui
l'ont précédée, est l'aboutissement concret de plus
d'un an de combat mené par la Coordination permanente des médias
libres (voir Technikart n°38). Aujourd'hui, grâce à cette
lutte acharnée, des chaînes à statut associatif peuvent
se porter candidates à des fréquences hertziennes, jusque-là
réservées aux milliardaires à cigare. C'est une avancée
significative, comme on dit dans le jargon de la presse.
Malgré le riant tableau que nous venons de brosser, il semble qu'Alea
TV ne fasse pas l'unanimité au sein de l'audiovisuel alternatif,
certains lui reprochant de n'être pas représentative de l'ensemble
du mouvement. Faut-il pour autant condamner cette chaîne nationale
dont les programmes ont le mérite de ne pas être sous le
contrôle direct des puissances de l'argent ? Après avoir
regardé « Qui veut gagner des millions »
en juillet, on répond catégoriquement : non.
Jean-Pierre Vincent
(1) Dans un premier
temps, Alea TV devrait être diffusée sur CanalSat ou TPS.
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