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Projet de loi sur l'audiovisuel

Interview de Noël Mamère

Par Sans Canal Fixe (SCF), le 6 avril 2000, ˆ Amboise.

Sans Canal Fixe On aimerait resituer un petit peu le débat des médias libres. Donc vous avez été très influent, vous avez essayé d'obtenir cette reconnaissance du tiers secteur audiovisuel. Nous, on trouve qu'on en est pas arrivé au bout de nos peines.

No‘l Mamère Oui, vous avez raison, on n'est pas arrivé au bout de nos peines, car la reconnaissance du tiers secteur audiovisuel est une réalité, mais elle n'est pas financée. Quand on donne une liberté, il faut donner à cette liberté les moyens d'exister. Donc maintenant il faut se battre d'ici la deuxième lecture, avec toutes les télés comme les vôtres, et toutes les associations pour que le financement du tiers secteur audiovisuel se fasse dans des conditions correctes, c'est-à-dire par un fonds de soutien comme c'est le cas pour les radios locales.

S.C.F. On obtient la reconnaissance ou plutôt de favoriser les télés de proximité avec la condition de donner une idée de pluralité. Mais la C.P.M.L. ne parle pas de télé de proximité mais plutôt de télé à proximité des gens.

N.M. Je me suis battu contre l'expression de télé de proximité derrière laquelle un certain nombre de députés socialistes voulaient classer les télés qui sont financées par les journaux régionaux, ça n'a rien à voir, on parle de la télévision du secteur non marchand, la télévision associative non marchande, c'est ça qui est reconnu dans le tiers secteur. Maintenant que c'est reconnu officiellement, que l'analogique va bénéficier de fréquences à caractère définitif qui seront mutées sur le numérique, il faut se battre pour la fenêtre nationale, notamment pour le projet Aléa TV, et puis, aussi se battre pour le financement du tiers secteur, c'est là-dessus que vous devez vous mobiliser. Plus vous serez forts, plus je serai fort !

S.C.F Pourquoi la fenêtre nationale est-elle complètement repoussée ?

N.M. Parce que le Gouvernement et les députés de gauche socialistes n'ont pas voulu aller jusqu'au bout, parce qu'ils ont la trouille. Ils ont surtout la trouille des grands groupes et je pense que nous sommes dans une situation où la place est trop largement faite aux chaînes privées et à celles qui en ont le monopole comme TF1.

S.C.F Les députés socialistes auraient même reculés, c'est le cas de Michel Françaix ?

N.M. Oui, je me suis battu avec lui, j'ai eu quelques échanges aigre-doux avec lui, puisqu'il voulait classer les télés de proximité dans ce je demandais au Parlement, c'est-à-dire un rapport sur le financement des télés associatives et il a voulu y mettre les télés de proximité, et moi je dis que ce n'est pas la même chose, donc je n'accepte pas ce que vous proposez et on s'est écharpé.

S.C.F Vous avez un espoir pour ce tiers secteur audiovisuel ?

N.M. Ecoutez, maintenant qu'il y a un nouveau ministre de la Culture et de la Communication, on va pousser sa porte et lui expliquer que c'est nécessaire si la gauche veut se réconcilier avec ceux qui font sa vitalité.