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Désentubages cathodiques

"Une critique contestable de la télévision avec les moyens de la télévision."



Distributeur atypique dans le paysage national, la coopérative Co-errances s’est fixé pour principal objectif de programmer des oeuvres qui empêchent de tourner en rond. Hier, le remarqué Edvard Munch du réalisateur anglais Peter Watkins ; aujourd’hui, un programme documentaire dédié à la critique de la télévision, sous un intitulé - Tir nourri sur la télé - qui rebaptise plaisamment l’acronyme de la Télévision numérique terrestre.

Trois films composent ce programme. Deux sont signés Pierre Carles et ont été déjà distribués en salle : Pas vu, pas pris (1998) et Enfin pris (2002). On n’y reviendra donc pas, sinon pour dire que tout ce qu’il pourrait y avoir de légitime et de pertinent dans la démarche critique de ce réalisateur désireux de démontrer la collusion des journalistes avec le pouvoir est réduit à néant par des postulats et des méthodes très discutables, qu’il revendique au nom d’une fin qui justifierait ces moyens.

L’AFFAIRE DU RER D

Autant dire qu’encadrer le document véritablement inédit de ce programme par les deux films de Pierre Carles relève d’un choix qui ne le place pas sous les meilleurs auspices. Désentubages cathodiques est, de fait, une sorte d’anthologie à moitié convaincante des émissions diffusées sur Zaléa TV, une télévision française qui a émis jusqu’à juin 2003. L’analyse critique du traitement de l’actualité par la télévision entre pour l’essentiel dans ce programme, depuis la révélation de la cassette Méry mettant en cause Jacques Chirac dans le financement occulte du RPR jusqu’à l’affaire plus récente du RER D où une jeune femme a élucubré une agression antisémite, en passant par la couverture de la prise d’otages dans une école de Beslan (Ossétie du Nord) en 2004.

La plus juste colère (sur la déférence à l’égard des puissants, sur la course spectaculaire au scoop, sur l’irresponsable montée en mayonnaise du racisme...) y voisine avec des griefs beaucoup moins fondés (inexactitudes, répétitions, informations délivrées au conditionnel) qui font l’objet d’une ironie d’autant moins acceptable qu’elle est essentiellement fondée sur la conviction de la justesse absolue de ses postulats et l’emploi de l’amalgame comme méthode de démonstration. Dénoncer ainsi l’"emballement" qui a suivi la fausse agression antisémite en faisant un montage bout à bout des journaux télévisés et articles qui lui ont été consacrés, puis en inscrivant nommément la liste des journalistes concernés, relève d’une démarche aussi facile (eût-il fallu passer sous silence cet événement dont rien ne permettait de penser qu’il était inventé ?) qu’inquiétante (la délation comme symptôme d’une aspiration délirante à la pureté). Cet exemple, parmi d’autres, indique que ce genre de critique de la télévision, visiblement fascinée par son objet, partage équitablement avec elle manipulation et mépris du spectateur.

Film français. (1 h 30.)

Jacques Mandelbaum


Auteur(s) : Ernesto lupino