Libération
- AUDIOVISUEL - du
mercredi 7 juin 2000
Article proposé par Danièle Pourtaud, sénatrice
PS, par Raphaël Garrigos
EN
MARS,
lors de la seconde lecture de la loi sur l'audiovisuel public à
l'Assemblée nationale, un amendement autorisant les télévisions
associatives à se porter candidates à une fréquence
hertzienne était adopté. Jusque là, les autorisations
n'étaient que temporaires. La question du financement de ces
télés restait toutefois en suspens. Lundi soir, lors du
passage de la loi au Sénat, Danièle Pourtaud, sénatrice
socialiste de Paris, a défendu la création d'un fonds
de soutien aux télévisions associatives. En vain. Catherine
Tasca, la ministre de la Culture et de la Communication, a rejeté
son amendement.
Comment jugez-vous l'attitude du gouvernement ?
La réticence
du gouvernement à ce fond de soutien se base sur l'idée
que les fonds publics ne sont pas illimités. Il y a deux craintes:
qu'un fonds de soutien à la télé coûte beaucoup
plus cher que celui de la radio et que le financement des chaînes
publiques pâtisse d'une telle initiative. Je peux entendre ces
préoccupations mais il ne faut pas oublier que les télés
locales associatives ne vont pas avoir des budgets de l'ordre de ceux
des télés locales commerciales! Quand on parle des télés
locales, tout le monde se réfère au budget de Télé
Toulouse ou Télé Lyon Métropole et au déficit
qu'elles engendrent. Mais les télés associatives, Ondes
sans frontières ou Télé Bocal par exemple, fonctionnent
avec de tout petits budgets, grâce au bénévolat
qui est à la base des structures associatives. Le gouvernement
n'a pas encore bien pris la mesure de ce que sont ces projets associatifs,
d'où sa réticence. Les télés associatives
peuvent-elles vivre sans fonds de soutien? En 1982, à l'époque
de la légalisation des radios libres qui était un des
combats de la gauche arrivant au pouvoir, on n'avait pas prévu
de financement et en effet, beaucoup de ces radios n'ont pas duré.
Mais aujourd'hui s'il existe encore plus de 400 radios associatives
c'est justement parce qu'un fonds de soutien a été créé
par la suite.
Le
gouvernement craindrait-il les télévisions associatives
?
Le gouvernement
et le CSA craignent surtout d'avoir des chaînes qui seraient déficitaires
et qui créeraient des trous qu'il faudrait boucher. Mais le fonds
de soutien que nous proposons n'est pas destiné à financer
totalement les télévisions associatives, elles devront
trouver des compléments de ressources. Le gouvernement a rejeté
le fonds de soutien mais je vais continuer le combat pour qu'il y ait
une aide à ces télés.
Raphaël
Garrigos
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