Le Parisien
du lundi 17 janvier 2000 - édition Paris
Par Grégoire Queinnec
TROCADÉRO (XVIe), SAMEDI SOIR. Pendant
quelques heures, et pour la troisième fois, les "pirates
des ondes" ont occupé illégalement plusieurs canaux
hertziens de la capitale non utilisés. Une opération qui
veut interpeller les autorités sur le sort des télévisions
associatives.
Samedi soir, il
faisait froid, glacial même, mais ils étaient là,
fidèles au poste. Sur le parvis des Droits-de-l'Homme-et-des-Libertés
au Trocadéro, "les pirates des ondes" ont récidivé
en occupant illégalement, pendant quelques heures, plusieurs
canaux hertziens de la capitale non utilisés. Troisième
du genre (voir nos éditions précédentes), cette
opération, orchestrée par la Coordination permanente des
médias libres (CPML), visait à interpeller les autorités
sur le sort réservé aux télévisions associatives,
ceci à quelques jours du passage en première lecture au
Sénat du projet de loi Trautmann sur l'audiovisuel. Ces pirates
souhaitaient, par ailleurs, montrer au public qu'il est possible aujourd'hui
de faire de la télévision autrement.
"UN CRÉNEAU
À EXPLOITER"
Au grand dam des organisateurs, samedi soir, il n'y avait pas foule
sur le parvis du Trocadéro. Mais le message est quand même
passé auprès de ceux qui avaient décidé
de braver le froid. "Ces télévisions de quartier,
c'est vraiment sympa. Ce soir, ils diffusent en plus le film de Pierre
Carles, "Pas vu, pas pris" (NDLR: un film grinçant
sur les coulisses des médias), ce qui en soi est un événement",
s'enthousiasme David, 27 ans. Le cinéaste Jean-Jacques Lissac,
auteur du documentaire "Souvenir de Grasse", censuré
à la télévision française mais diffusé
sur Télé Bocal ce samedi, va plus loin en affirmant carrément
que "ce moment est historique, qu'il y a un créneau à
exploiter, que les télévisions associatives représentent
l'avenir". Vers minuit, les pirates des ondes ont remballé
émetteurs, magnétoscopes et autres amplificateurs sous
l'oeil bienveillant des renseignements généraux. S'estimant
"ignorés et pris pour des rigolos", ils ont décidé
de repartir à l'abordage des autorités en organisant,
à l'Assemblée nationale, le 31 janvier, un colloque sur
le thème des médias libres. Un colloque officieux auquel
Hervé Bourges, président du Conseil supérieur de
l'Audiovisuel, et Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de
la Communication, ont bien entendu été conviés.
Grégoire
Queinnec
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