L'Humanité
du 17 janvier 2000 - MEDIAS TELEVISION
Trois p'tits mois et puis s'en va Par Sébastien Homer |
La Coordination permanente des médias libres aime les symboles. Samedi soir, elle a installé son antenne sur le parvis des droits-de-l'homme au Trocadéro pour rappeler que «le droit à la libre expression et à la communication est inaliénable». David contre Goliath, leur petite antenne, malmenée par le vent mais diffusant sans coup férir le brûlot Pas vu, pas pris, de Pierre Carles, faisait face à la tour Eiffel. Samedi soir à minuit prenait fin pour Télé Bocal l'autorisation provisoire d'émettre pendant trois mois de 21 heures à minuit. Une quinzaine de personnes, membres des différentes télés pirates (Dissensus TV, Satanas TV) bravaient le froid et l'interdit. ça discutait technique et on se remémorait de vieux souvenirs de radios pirates. L'assistant parlementaire de Noël Mamère rappelait le soutien des Verts aux médias libres et accessoirement qu'il avait écrit Comment manipuler les médias ? Pour Télé Bocal, l'expérience a été fructueuse mais « trois mois, c'est trop court. On commence à peine à installer une grille cohérente avec des programmes venus de l'extérieur », note Olivier Azan. Qui ajoute: « On a un peu l'impression qu'ils nous ont donné un os à ronger en attendant. En fait, ils nous ont testés. » Rym Morgan, de la CPML, se fait ironique: « Pour les grosses chaînes, le CSA n'attend pas que leur autorisation d'émettre arrive à échéance pour renégocier. C'est bizarre! En tout cas, on n'attendra pas la mise en place du numérique hertzien. Il y a des fréquences libres en analogique et on est prêt à se montrer très imaginatif ». Demain, le Sénat examinera la loi Trautmann sur l'audiovisuel. Les médias libres espèrent que les amendements pour la mise en place d'un « tiers secteur audiovisuel, financé par une taxe sur les transactions publicitaires des grandes chaînes », seront discutés. Ou que cet examen aboutisse à une seconde lecture à l'Assemblée nationale où leur point de vue pourra être entendu. Et le 31 janvier se tiendra au Palais Bourbon un colloque sur "le tiers secteur audiovisuel: un accès citoyen à la télévision". Avec, sauf « déprogrammation sauvage », Catherine Trautmann et Hervé Bourges. Valentin Lacambre, membre de la CPML, de sourire: « Il y a plein d'émetteurs télé qui ressortent des placards. Aujourd'hui, ça ne coûte que 6.000 balles. Vous pouvez le perdre. » Face aux uniformes qui se faisaient rares, les télépirates avaient brandi une banderole marquée d'un insolent: « On est là ». Une référence à NTM : « On est encore là/Prêt à foutre le souk/Et tout le monde est cord-a/Nique le CSA » ? Sébastien Homer |